La salle des séances de l'Académie nationale de médecine a abrité le bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur le vendredi 9 décembre 2022. Débuté à 8h45, cet événement fait partie d'une série de grands hommages scientifiques traitant de l'héritage médical de Louis Pasteur. Prévue en présentiel et distanciel, nous avons participé à cette séance en distanciel organisée par l'institut Pasteur.
Déroulement :
La séance du vendredi 9 décembre 2022 à 8h45 a commencé par l’introduction du président de l’Académie nationale de médecine, Patrice Tran Ba Huy. Après ça s’en est suivi l’historique de Louis Pasteur et la présentation de plusieurs thèmes.
Une première présentation a été faite par le professeur Vincent Jarlier sur le thème “ Hygiène et bactéries résistantes : transmission croisée et circulation des bactéries résistantes”. Dans sa présentation, le professeur a montré le cycle infernal de résistance aux antimicrobiens. Il a montré que la pression de la sélection des antibiotiques a conduit à la sélection des bactéries résistantes puis à la transmission et à la dissémination. Dans sa présentation, il a montré que la consommation des antibiotiques et la résistance aux antibiotiques n’est pas systématique. La transmission croisée entre les patients à l’hôpital, les collectivités, au sein d’une famille, entre animaux au sein de l’élevage qui aboutit à des disséminations, c’est-à-dire à des transmissions de gènes de résistances, pouvant ensuite conduire à des épidémies. La pandémie de la résistance aux antibiotiques est née grâce à la transmission croisée. Il y a une émergence et de la dissémination parallèle de résistance dans la communauté humaine et animale. La transmission croisée a augmenté la résistance aux antimicrobiens. Pour lutter contre les bactéries multirésistantes, il est nécessaire de contrôler la dissémination des bactéries multirésistantes dans les établissements de soins, dans l’environnement.
Ensuite, le professeur Xavier Bertrand, a fait une présentation sur le thème “Contamination de l’environnement par les bactéries résistantes d’origine humaine”. Le présentateur a mis en évidence des bactéries multirésistantes des eaux usées communautaire et hospitalière de Besançon en France dans l'environnement. Il a partagé des faits préoccupants : plus de souches d’Escherichia coli bêtalactamases à spectre élargi (BLSE) dans les eaux communautaires que dans les eaux hospitalières. Ce qui signifie chaque jour dans la ville de Besançon, les gens rejettent 600 milliards d’Escherichia coli BLSE dans la rivière. Tandis que les souches de Pseudomonas aeruginosa multirésistantes sont 25 fois plus présentes dans les eaux hospitalières que dans les eaux usées communautaires. Les bactéries multirésistantes d’origine humaine contaminent massivement notre environnement, notamment l’environnement aqueux. Et le niveau de contamination est proportionnel à la prévalence de la résistance dans la population. L’exposition à un milieu pollué augmente le risque de contamination des bactéries multirésistantes. Comparativement parlant, dans les pays à revenus élevés, il y a une forte contamination des bactéries multirésistantes des humains à l’environnement et entre les humains et de l’animal à l’environnement, mais une faible contamination de l’environnement à l’humain et de l’animal (NDLR: quoique sur ce point, il faudrait voir quelles études l'ont montré), tandis que dans les pays à revenu faible et intermédiaire, il y a forte contamination de l’environnement par l’homme et aussi un fort retour de contamination de l’environnement à l’homme. Selon le professeur, les meilleures solutions pour lutter contre la résistance à l'antimicrobien est de contrôler les effluents, traiter les effluents, désinfecter les boues et de limiter l’usage des antibiotiques.
Ceci montre donc l'importance d'avoir une infrastructure, et un réseau efficace et maintenu correctement.
Enfin, M. Jean-Yves Madec, Directeur Scientifique Antibiorésistance de l'ANSES, a fait une présentation sur le thème “Contamination de l’environnement par les bactéries résistantes d’origine humaine, Circulation et transmission de l’antibiorésistance dans le monde animal”. Il a partagé les politiques publiques de lutte contre l’antibiorésistance animale. Cette politique est posée sur deux leviers à savoir la réduction de l’utilisation des antibiotiques dans le monde animal et la limitation de transmission notamment par les pratiques d’hygiène. Selon Jean-Yves Madec, 371 tonnes d’antibiotiques ont été consommées en 2021. Cette consommation est en diminution de 10,7 % par rapport à 2020. Pour les antibiotiques critiques en 2013, il y a une diminution d’exposition à moins 93,8 % au Céphalosporines et moins de 87,7 % aux fluoroquinolones. (NDLR : ceci est un progrès, sommes toute à mettre en parallèle avec les importations de produits étrangers qui peuvent contenir des antibiotiques).
Dans sa présentation, il montre également qu'en 2021, on note une démission de la résistance céphalosporine et aux fluoroquinolones. Il y a transmission des bactéries résistantes aux antimicrobiens. Ceci peu en partie s'expliquer par un phénomène de dissémination des gènes de résistances, via les plasmides, chez des animaux hôtes. Au cours de leurs recherches, ils ont analysé 414 oiseaux et mammifères blessés dans les centres de soins où l’usage des antibiotiques est limité et ont découvert que 24,1 % des animaux ont été colonisés par les souches d’Escherichia coli BLSE. Selon le présentateur, l’usage des antibiotiques n’entraîne pas la sélection, c’est la transmission. La transmission entraîne la résistance aux antibiotiques et non l’exposition aux antibiotiques.
Articlé rédigé par Bawa BOYA,
Edité par Arno Germond