D’ABORD SAUVER DES MALADES COVID‑19 EN FRANCE, TOUT DE SUITE ! LES RESSOURCES DE LA MER ! Dr. Franck Zal, ancien chercheur CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique en France), médaillé de bronze du CNRS, et PDG de la ferme marine et PME « Hemarina » depuis 2007, a développé un transporteur d’oxygène qui devrait urgemment faire l’objet d’essais cliniques.

Dr. Franck Zal
Question : Depuis quelques jours, tant la presse générale que scientifique (JAMA, WAPO, Bloomberg, ESCMID) font état de surprises car de nombreux cas de COVID‑19 sont très différents du premier SARS de 2003. (crises cardiaques chez de jeunes adultes, symptômes de dérèglements de l’oxygénation du sang).
Vous avez développé un transporteur d’oxygène qui devrait urgemment faire l’objet d’essais cliniques. Vous arrivez de la recherche en biologie marine pour proposer de nouvelles thérapeutiques ? Dr. Franck Zal :
Effectivement, chercheur au CNRS, j’ai fait une quinzaine d’années de recherche en physiologie animale marine et plus particulièrement en écophysiologie, des recherches sur le ver marin, Arenicola marina. Ce ver qui existe sur la terre depuis 450 millions d’années possède une protéine d’hémoglobine extracellulaire spéciale lui permettant de transporter 40 fois plus d’oxygène que l’hémoglobine humaine. Par ailleurs, cette molécule ne possède pas de typage sanguin. De facto, c’est l’ancêtre de nos globules rouges ! Cette molécule, c’est un peu comme une « bouteille d’oxygène » qui leur permet de survivre en milieu extrême (marée basse/haute). À la tête d’une équipe, médaillé de bronze, j’ai proposé au CNRS de développer ces recherches pour des produits permettant de soigner des pathologies humaines, mais le CNRS, à l’époque, m’a juste conseillé de vendre mes découvertes à une entreprise privée. En tant que chercheur totalement engagé dans la recherche publique, j’ai été frustré et choqué car je souhaitais valider le pouvoir thérapeutique de cette molécule marine jusqu’au lit du patient. J’ai donc démissionné pour créer ma propre entreprise, Hemarina, en 2007, et continué la recherche et développement au sein de mon entreprise localisée à Morlaix, Finistère, Bretagne, jusqu’à aujourd’hui.

Ferme marine de Hemarina
Question : Vos recherches ont d’ores et déjà donné leur fruit pour les transplantations mais maintenant vous proposez des essais cliniques pour traiter les cas de COVID‑19 ? Dr. Franck Zal :
Les molécules développées ont plusieurs applications, et effectivement le Pr Lantieri a eu un énorme succès avec la greffe du visage qu’il a réalisée, une première mondiale réussie en partie grâce au produit HEMO2life que nous avons développé à partir de cette hémoglobine extracellulaire de l’arénicole. L’hémoglobine issue du ver arénicole a un transport d’oxygène 40 fois + important que l’hémoglobine humaine – 160 molécules au lieu de 4 – , son rôle est simple : délivrer de l’oxygène pour permettre à l’arénicole de tenir jusqu’à la prochaine marée haute. En fait l’arénicole arrête de respirer à marée basse et vit sur son stock d’oxygène lié. Au sein d’Hemarina, nous avons développé cette molécule comme « un transporteur d’oxygène thérapeutique ».
Notre approche s’apparente au biomimétisme. Par exemple, pour la transplantation, lorsque le chirurgien prélève un greffon, l’organe va très vite mourir, puisqu’il n’a plus son oxygène vital qui lui est délivré par la circulation sanguine. Maintenant, si je mets cette molécule dans les solutions de conservation des organes, la durée de vie d’un poumon de 6-8h est étendue à 48h avec notre molécule ! Et ce n’est pas de la magie ou un miracle, c’est simplement que l’organe ne voit même pas qu’il est déconnecté, il a accès à une réserve d’oxygène physiologique. On a aussi développé des pansements oxygénants afin d’augmenter la vitesse de cicatrisation, ainsi que des produits pour soigner les parodonties permettant de ne pas utiliser d’antibiotiques.
En fait, nous avons, à partir de cette molécule d’hémoglobine, conçu une plateforme technologique avec une multitude d’applications, car l’oxygène est indispensable à la vie. Cette molécule est capable d’oxygéner des cellules, des tissus, des organes ou un organisme entier. Les applications sont infinies.
Cette molécule est capable d’oxygéner des cellules, des tissus, des organes ou un organisme entier. Les applications sont infinies.
Question : Et là vous en venez au COVID‑19 avec des propositions concrètes à partir des données montrant l’effet du coronavirus sur la circulation ? Dr. Franck Zal :
Effectivement, j’ai quelques milliers de doses actuellement en stock qui étaient prévues pour un essai clinique en France et qui devaient également être envoyées en Inde pour la greffe. J’ai gelé ce stock car quand on m’a demandé d’essayer HEMO2life en France pour tenter d’apporter cette thérapie aux patients souffrant du COVID‑19, j’ai répondu présent.
Hemarina a une ferme d’élevage de vers arénicoles en Vendée pour assurer sa matière première. Cette technologie a commencé à avoir un succès et une réputation mondiale et tous les jours nous avons des contacts à travers le monde pour un tas de pathologies liées à l’ischémie et/ou l’anémie.
Le Professeur Lantieri m’a contacté : « Le coronavirus est comme un Tsunami, est-ce que tu serais prêt à aider ?" Car l’évolution dans la compréhension du coronavirus, les études et rapports d’autopsies, indiquent que le COVID‑19 serait une maladie affectant l’oxygénation chez l’homme par différents mécanismes, mais la résultante c’est une hypoxie majeure. Mais beaucoup de médecins ont oublié les cours de physiopathologie : « Quand on met des oxymètres classiques à nos patients, la valeur de la saturation n’est pas correcte » nous disent certains réanimateurs. « Évidemment », répondrais-je, parce que « les oxymètres sont calibrés pour des globules rouges qui sont fonctionnels et que leur coefficient d’extinction molaire doit être modifié par la présence du COVID‑19 ». On pense aujourd’hui que le coronavirus infecte les érythroblastes qui ont la molécule ACE2 qui est une voie d’entrée pour le coronavirus. Étant donné les problèmes d’intubation dans le Syndrome de Détresse Respiratoire Aiguë (SDRA) comme détaillés par un expert mondial le Pr Luciano Gattinoni, il serait vraiment important de voir si on peut agir directement sur l'oxygénation. Il y a quelques jours, sur plus de 2 500 malades, 9 patients sur 10 sous ventilation sont morts à New York!
Le COVID‑19 est donc une maladie du système ventilatoire (échange gazeux pulmonaire…) et circulatoire (oxygénation, coagulation…) qui va créer une hypoxie généralisée et va conduire à une défaillance multi viscérale. L’hémoglobine de ver arénicole pourrait donc résoudre les problèmes de micro-thrombose, d'apport d'oxygène. Nous avons obtenu l’autorisation de l’ANSM le 8 avril dernier pour des essais cliniques et le CPP, le Comité de Protection des Personnes, donna son feu vert. Mais l'essai a été suspendu le 8 avril (il n’y avait pas encore eu d’inclusion) sur des allégations totalement fausses puisqu’il ne s’agissait absolument pas du même produit.
« Soyons pragmatiques : appliquons une médecine de guerre. »
A cause du COVID‑19 au 14 avril on avait 14 000 morts, au 27 avril : 23 000. Moi, je dirais: « Soyons pragmatiques : appliquons une médecine de guerre. Comment peut-on accepter d'avoir des solutions et de ne pas pratiquer les essais ? Je pense tous les jours à ces patients et à leurs familles, ils me hantent. »
Question : Votre essai clinique a été suspendu par l’ANSM le 8 avril sur dénonciation par lettre anonyme, ce qui est étrange, sur la base d’une étude de 2011 sur des cochons ?
Dr. Franck Zal :
En 2011, j’avais été contacté par l’armée - la DGA - sur un modèle de choc hémorragique létal chez des cochons. le produit n’avait pas pu montrer de bénéfice. Donc la lettre anonyme rapportait ce fait à l’ANSM ! C’est alors la suspension de notre autorisation pour un essai clinique sur les malades COVID‑19. Or nous avons tout de suite réagit à l’ANSM le 8 avril ! Car cette étude de 2011 est sans aucun rapport avec notre proposition aujourd'hui et il ne s’agit absolument pas du même produit. Je dis toujours qu’à partir d’une pomme vous pouvez faire du cidre et de la compote, et quand vous développez du cidre vous ne donnez pas la recette de la compote.
Maintenant, en 2020, dix ans ont passé, le nouveau produit a été développé. Il se nomme HEMO2life, et a parfaitement bien fonctionné sur des essais cliniques sur l’homme portant sur la préservation des greffons. Depuis, des centres médicaux veulent tester la molécule. En France et à l’étranger : en Inde, aux US, en Chine, Italie, au Liban, en Egypte, au Mexique …. Donc, nous avons repris des contacts avec des CHU pour refaire un protocole clinique, c’est en cours. Mais il faut ajouter à cela que nous avons eu des différents avec l’APHP. Moi, je proposais de l’Open Source pour les data pour que ça serve la communauté internationale tandis que l’APHP voulait vendre les données inhérentes à cette étude et prendre le contrôle de ma société, par une clause intuitu personae. J’ai refusé.
Le rôle d’un hôpital dans le cas de pandémie que nous connaissons n’est pas de faire de l’argent sur le dos des patients et ou de leur familles en vendant les résultats de leurs études, en tout cas c’est ma conception du système de santé et du fonctionnement d’un hôpital. Je mettais à disposition gratuitement notre produit à l’APHP.
Et puis il y a aussi le problème des médecins qui connaissent très mal la physiologie ! Certains médecins ne savent pas comment fonctionnent les robots des plateformes d’analyse sanguine par exemple. On appuie sur le bouton et ça donne un résultat avec des bornes d’analyses (c’est bon ou ce n’est pas bon…). J’ai été surpris. Il y a des exceptions bien-sûr, des médecins passionnés. Je me suis également aperçu qu’en France il restait des seigneuries telles que l’on pouvait les rencontrer à l’époque des rois de France. Le Roi dit mais les seigneurs font ce qu’ils veulent. En fait il n’y a pas un Etat Français, il y a des Etats dans l’Etat. Il faudrait vraiment réformer ce système qui permet des blocages à tous les étages même s’il y a une vision claire du chef de l’Etat. J’ai l’impression de vivre dans une « technocrature » et que les baronnies installées dirigent la France en lieu et place du Président de la République.
Question : Et les autres pays ? Inde, pays d’Afrique ?
Dr. Franck Zal :
Je suis inondé de demandes des pays, Inde, Mexique, etc., mais je pense avant tout à mon pays, c’est peut-être parce que la France m’a permis de devenir qui je suis. Un pur produit universitaire dont les études ont été payées en partie par l’Etat Français et l’autre partie par le travail que j’ai réalisé pour payer mes études. On a 5 000 doses qui étaient prévues pour les greffes en Inde, on les a gardées en stock au cas où, on peut rapidement passer à 15 000. Devons-nous les envoyer ailleurs ? J’attends la réponse des autorités sanitaires et si c’est le cas qu’ils l’expliquent aux personnes qui ont eu des décès dans leur famille liés au COVID‑19, aujourd’hui 23 000 morts en France.
Question : Utilisation possible sur la drépanocytose ?
Dr. Franck Zal :
Effectivement, dans la drépanocytose on a les globules rouges qui sont en forme de faucille qui peuvent bloquer la circulation, on parle d’ischémie. Ce blocage va créer des thromboses et de l’hypoxie tissulaire qui provoquent crampes, déficiences multi-organes, etc… La molécule développée étant 250 plus petite que les globules rouges, et 40 fois plus efficace que l’hémoglobine humaine, cette molécule pourrait avoir tout son intérêt dans cette pathologie.
Question : Le Japon se pique d'avoir beaucoup de respirateurs : 111 machines par million. A titre de comparaison la France n'en a que 20 par million ! Donc ils se basent sur leur point fort technologique, mais ici comme ailleurs, il n'y a pas de prise de recul. Dr. Franck Zal :
Effectivement, certains praticiens constatent que l’intubation avec respirateurs peut avoir des effets délétères si au départ le problème n’est pas uniquement pulmonaire mais lié à un problème de transport d’oxygène. Encore, nous nous devons d'explorer les solutions thérapeutiques pour sauver des vies. Je ne dis pas que nous avons une solution miracle. Je dis que nous devrions lancer les essais cliniques dès maintenant.
Interview revu le 4 mai, 2020, par Arno Germond et Garance Upham,
AMR Think-Do-Tank, la Genève internationale.